Le miracle du pendu-dépendu.
Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice (Espagne).
Santo Domingo de la Calzada.
Il constitue le septième miracle du De miraculi sancti Jacobi,
deuxième livre du Codex Calixtinus.
Il s'agissait de mettre en garde les pèlerins
de Saint-Jacques-de-Compostelle contre
les mauvais agissements d'aubergistes peu scrupuleux.
En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique
en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle,
passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada.
Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa.
Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d'argent.
Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat.
Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.
Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage
et prièrent saint Jacques.
À leur retour de Compostelle,
ils l'entendirent leur dire du haut du gibet qu'il vivait,
car saint Jacques le protégeait.
Émerveillés, ils s'adressèrent l’alcalde, (de l’arabe al cadi : le juge)
qui était en train de déguster un coq et une poule rôtis,
leur répondit avec ironie :
« Si votre fils est vivant,
cette poule et ce coq se mettront à chanter dans mon assiette. »
Ce qu’il advint, le coq chanta et la poule caqueta.
L’alcalde bouleversé fit dépendre le jeune homme et
pendre à sa place la fautive.
Depuis le XIVe siècle, une poule et un coq blancs
(changés régulièrement !) vivent à l'intérieur
de la cathédrale de Santo Domingo de la Calzada,
dans un beau poulailler gothique,
au grand étonnement des touristes
qui ne connaissent pas l'histoire, et qui, parfois,
demandent où il faut glisser une pièce
pour faire chanter les automates.
Le 6 octobre 1350, une bulle signée à Avignon
accorde des indulgences aux pèlerins qui prient
devant les reliques où se trouvent le coq et la poule.
En tout état de cause, il est de bon présage
d'entendre le coq chanter.
Le coq et la poule se trouvent derrière une grille ouvragée,
ce qui empêche les pèlerins d'aujourd'hui de leur
arracher une plume en guise de relique.
Celle-ci est aimablement donnée
par le sacristain de Santo Domingo.
Dès lors, en plus de la coquille Saint-Jacques,
le pèlerin porte aussi la plume de la poule ou du coq.
Les chaînes du captif et la poutre du gibet
sont suspendues aux murs de la cathédrale.
Elles commémorent le surprenant miracle.
Cette légende est évoquée sur quantité de retables
tant en France (par exemple à Cotdoussan
ou Prelle dans les Hautes-Alpes)
qu'en Suisse ou en Allemagne (Jakobskirche de Rothenburg).